36 – Bouddha Sutras à propos de vie et mort – Iwazu (part 1/2)
Bouddhisme et Zen – Mes enseignements ne sont pas ni doctrines ni principes théoriques
Uttiya, un disciple du bouddha Sakyamuni, vient se présenter devant lui. Comme tous, il a beaucoup d’interrogations
Uttiya : Ô grand Gautama, ce monde durera à jamais ou il sera soumis à une extinction ?
Bouddha Sakyamuni : Je vous prie de m’excuser, je ne répondrai pas à cette question.
Uttiya : Ô grand Gautama, ce monde a-t-il des frontières ou est-il sans limites ?
Bouddha Sakyamuni : Je vous prie de m’excuser, je ne répondrai pas non plus à cette question.
U : Ô grand Gautama, notre corps et notre âme sont-ils deux ou un ?
B : Je vous prie de m’excuser, je ne répondrai pas non plus à cette question.
Uttiya : Après votre mort, le shamon Gautama disparaîtra t-il ou continuera-t-il d’exister ?
B : Je vous prie de m’excuser, je ne répondrai pas non plus à cette question.
Uttiya : Ou pensez vous qu’après votre mort, vous serez à la fois existant et inexistant ?
B : De nouveau, je vous prie de m’excuser je ne répondrai pas non plus à cette question.
Uttiya : Pourquoi n’acceptez-vous de répondre à aucune de mes questions ? À quel sujet et comment dois-je vous interroger afin d’obtenir une réponse ?
B : Je ne peux répondre qu’aux questions concernant la pratique des entraînements de votre corps-esprit.
Q : Combien d’êtres votre Dharma – enseignement du bouddha Sakyamuni – pourrait-il sauver ?

Le bouddha s’est exprimé auprès de Brahmayu :
- Ce qu’il faut profondément connaître, je l’ai su.
- Ce qu’il faut abandonner, je l’ai abandonné.
- Ce qu’il faut pratiquer assidument, je l’ai pratiqué avec assiduité.
C’est pour cette raison que je suis Bouddha, le « Parfait éveillé ».
Bouddhisme et Zen – Des questions existentielles
Le bouddha Sakyamuni continue de demeurer silencieux. Uttiya fit de même. Ne voulant pas qu’Uttiya puisse être offensé, Ananda prit la parole :
Ananda : Très précieux Uttiya, le grand Gautama ne saurait que vous aider dans votre pratique de concentration et d’observation, il ne peut vous répondre au sujet des questions purement métaphysiques.
Quelques temps après, un homme nommé Vacchagota viendra lui aussi questionner le Bouddha :
Q : Je vous en prie, ô grand Gautama, auriez-vous l’obligeance de me dire s’il y a quelqu’un ? Un Moi, une Existence, un Ego ?
De nouveau, le bouddha campa dans un grand silence. Vacchagota partit. Alors, à son tour, Ananda prit la parole :
Ananda : Ô grand Siddharta Gautama, vous avez enseigné de nombreuses fois au sujet du non-moi, du non-ego, de la non existence d’une nature propre à l’humain, aux formes manifestées, pourquoi avoir refusé de répondre à Vacchagota ?
B : Très précieux Ananda, mes enseignements ne concernent que la pratique de la concentration-observation. Je ne veux entraîner aucune personne dans les interrogations relatives à l’existence d’un moi ou à l’inexistence d’un ego.
Si je réponds « Oui, il y a un moi » alors je serai en contradiction avec mes enseignements, à l’inverse si je réponds : « Non, il n’y a pas d’ego existant » alors il s’y agrippera, de la même manière que l’on s’attache à « un principe inébranlable », quelle en serait l’utilité pour Vacchagota ?
Il vaudrait mieux qu’il soit conscient « qu’il ne sait pas » plutôt qu’il ne soit bloqué dans une vue doctrinale, sans issue aucune.
Un jour, un des grands disciples, Anuruddha, sur le chemin de la mendicité, croisa des personnes à la croisée des chemins qui l’arrêtèrent et l’interrogèrent sur les mêmes questions :
- Après sa mort, le shamon Gautama demeure
- Après sa mort, le shamon Gautama disparaît
- Après sa mort, le shamon Gautama demeure et disparaît à la fois
- Après sa mort, le shamon Gautama ne demeure ni ne disparaît à la fois
Anuruddha répondit :
« Chers messieurs, aucun des états cités ne correspond au réel. Aucun n’exprime non plus les enseignements du shamon Gautama .»
Les personnes s’en allèrent, tout en manifestant leurs désaccords, très méprisant. Anuruddha relata les faits au bouddha Sakyamuni qui décida alors d’enseigner. Il entama l’enseignement suivant, pour son disciple Anuruddha :
B : Anuruddha, rechercher le shamon Gautama par la pensée est périlleux, difficile, impossible. Où pourrait se trouver le Gautama de vos pensées ? Anuruddha, penses-tu qu’on puisse le retrouver dans sa forme phénoménale ?
Anuruddha : .. Non !
B : Et penses-tu que tu puisses saisir Gautama à travers tes perceptions et sensations ?
Anuruddha : Toujours Non !
B : S’agit-il alors d’une question de pensée, d’idée, de conscience ?
Anuruddha : Toujours Non !
B : Alors où pourrait se trouver le shamon Gautama ?
Là, ici et maintenant, je suis là devant vos yeux et vous ne pouvez pas me saisir alors ne parlons pas « d’après ma mort ? »
Je suis semblable aux milles dharmas, on ne peut saisir par une pensée, une idée, un concept, leurs périmètres d’action ne sont pas ni définissables ni atteignables, on ne peut pas non plus procéder par la méthode du deux, par la comparaison distinctive d’une entité par rapport à une autre.
En revanche, on peut me reconnaître dans les relations d’interdépendance, avec les autres dharmas.
Kasatsu enbo, le Paysage de Kasatsu dans le lointain
La grande assise de cette maison est la pratique du véritable enseignement du Bouddha.
La méthode pour avoir un contact avec quelqu’un est au-delà du sens ordinaire.
Il ne s’agit pas d’intelligence ou de non-intelligence.
Le visiteur observe avec équanimité que la couleur de la montagne est bleue.
Sokei Daichi (1290-1366)
