Sandokai de Sekito Kisen - Bouddhisme Zen

SANDOKAI de SEKITO KISEN – Le contrat avec l’esprit oublié – Titre de l’œuvre

Sandokai Sekito Kisen – L’immédiat satori ou le zen de l’hélicoptère



Sandokai - La paire des contraires
Sandokai Sekito Kisen - Les zens du Chan et enseignements bouddhiques

Seule notre conscience peut devenir Essence - Deshimaru

Le titre Sandokai 参 同 契 évoque l’appartenance de la lignée zen de Sekito au zen de l’esprit de Bodhidharma, le Soshi zen. Dans les pas de son prédécesseur de huit générations, Sekito y énonce que la substance d’éveil du phénoménal, le matériel, égale celle des éveillés, les bouddhas.

 

signifie Participation, Contribution. Ainsi, auparavant on ne disait pas Zazen mais Sanzen.

signifie égalité. Ici, il s’agit de l’égalité des substances d’éveil du phénoménal et de bouddha.

signifie Compréhension, Imprégnation, Intégration, Emboîtement, Collé. Les esprits du phénoménal et du bouddha  ont compris ensemble, en même temps.

Note: Traditionnellement, le mot Kai 契 mot dont l’un des signifiés est Accord, Contrat, à l’époque le contrat est déchiré en deux et chaque partie en conserve la moitié. Les réunir est nécessaire pour le valider.

Ici, on pourrait en dire que c’est un contrat à la naissance de chacun avec l’Authentique. Nous devrons réunir les deux pièces de notre esprit, le singulier et l’authentique, le relatif et l’absolu. C’est le sens de notre naissance dans le monde phénoménal.

Quand Bodhidharma (440 ? 536) arrive en terre de Chine, le bouddhisme et son étude étaient en plein essor. De nombreux textes furent amenés d’Inde, pour les besoins de traduction, l’équipe de Kumarajiva a déjà créé près de 30000 idéogrammes – Hanzi, Kanji – dédiés uniquement à l’enseignement et à l’éducation des disciples de la Voie – et non des bouddhistes.

Initialement, la cour et les mandarins avaient créé plusieurs principes d’éducation et appliqué plusieurs méthodes. Cependant, ils rencontrèrent des difficultés majeures, il existait peu de copies pour chaque texte, 99% de la population n’avait pas accès au mot, tant dans la lecture qu’à l’écriture, en outre, l’enseignement oral était compliqué du fait des nombreux dialogues régionaux, une centaine. Transmettre l’Esprit, toujours changeant, impalpable, invisible, insaisissable, sans faire de usage de mots, est un challenge qui rebute. Quid de la parole juste du bouddha ? N’employer ni la parole ni l’écriture s’avère un réel défi insurmontable, on trouve toujours quelques bottes, le silence, le bâton d’éveil – le kyosaku, l’instant opportun …

Eka avait déjà fait le même constat auprès de Bodhidharma qui, en fin de compte, ne lui enseigna rien d’autre que la recherche de l’esprit.

Tous agréaient néanmoins sur le principe de la pratique de zazen mais il y eut plusieurs réalités, même concernant le silence ou l’usage du bâton. On distingua plusieurs écoles, plusieurs enseignements, au sujet de l’illusion, la nature de l’éveil de bouddha, la substance, l’espace infini de la mer de l’esprit Ku, la vacuité originelle, la vie et la mort …

Les maîtres de la Voie n’en avaient pas fini avec les méthodes, à l’image de Baso, avec ses déclarations fracassantes : « Hi shin Hi Butsu », Ni esprit ni bouddha puis « Soku Shin Soku Butsu », Immédiatement Esprit immédiatement bouddha – à noter que cette phrase correspond exactement à l’enseignement de Bodhidharma dans le poème Kyoge Betsuden: « Pointer directement l’esprit, voir sa nature propre et immédiatement devenir Bouddha. »

 

Bodhidharma et Eka
Trouve-moi ton esprit

Eka: Je vous prie de pacifier mon esprit
Bodhidharma: Va rechercher ton esprit, trouve-le et me l’amener !
Eka … quelques années après: Je ne parviens pas à le saisir … 心 不 可 得 (jap. Shin Fu Ka Toku)
Bodhidharma: Alors, tu es pacifié !

La quête d’Eka trouve son écho dans les interrogatives des temps modernes. Vous stressez, vous vous tourmentez ou êtes-vous tranquille  ? Mais qui êtes-vous ?

Poème Kyoge Betsuden

Poème Kyoge Betsuden

L’enseignement ne peut se transmettre à partir de l’extérieur.
N’établissez pas mots et lettres
Revenez directement à l’intérieur de son esprit

Voir sa propre nature et réaliser instantanément le bouddha

 

Sekito affirme que le zen est une question d’esprit et de corps qui ne sont pas des entités séparées.

Il rédigea le Sandokai qu’on peut qualifier du Traité du Cinquième zen, le zen du bouddha et de l’être phénoménal réunis.

À propos de ce sujet, voici un mondo (question-réponse) avec Sekito :

Question: Quel est le zen de bouddha et quel est le zen de l’homme ordinaire?
Sekito: Je ne connais pas de Bompu, d’homme ordinaire.

Avant Bodhidharma, il est d’usage de distinguer les différentes étapes de pratique du zen dit zen progressiste:

  • Zen du début
  • Zen de la 2ème étape
  • Zen de la 3ème étape
  • Zen de la 4ème étape

Gedo zen, le zen de l’homme en dehors de la voie.
Bompu zen
, le zen de l’homme ordinaire
Hinayana zen, le zen dudit petit véhicule
Mahayana zen, le zen dudit Grand Véhicule porté par Nagarjuna
Zen Ultime, le zen que l’on ne peut surpasser, le zen de Bodhidharma.

Seule notre conscience peut devenir Essence - Deshimaru

Enfin, ledit cinquième zen 最 上 乘 fut nommé « le zen que rien ne peut dépasser », autrement dit le zen ultime. Il s’agit du zen de Bodhidharma.

Maître Deshimaru, à sa façon, le qualifia zen de l’hélicoptère qui s’élève directement, il s’attachera à le montrer aux occidentaux.

 

… Je crois que vous devriez comprendre « le Vrai Zen », le bouddhisme, dans l’Inde ancienne ou le Japon, a besoin d’une grande révolution afin de revenir à l’essence de la Vraie Religion …

Tout existe au plus profond de nos esprits. Socrate dit la même chose. Chaque existence est phénomène, « tout a une fin ». Seule notre conscience est réelle. Seule notre conscience peut devenir essence ou phénomène et karma de notre vie.

Le monde est une roue … La matière est spirituelle et l’esprit est matériel.

Notre mauvaise conscience, et nos bonnos* compliqués produisent beaucoup d’accidents. Nous devons donc avoir une bonne conscience.

* bonnos: Illusions, troubles, perturbateurs

 

 
 

Bouddhisme zen - Le phénoménal et le Vrai

Ku, litt. Vacuité ou Grand Espace infini, est la transcription sanskrite de Sunyata, le vide, la relativité. Ce n’est pas une négation du concept d’existence en tant que telle, mais l’affirmation de la relativité de l’existence, qui dépend de la causalité, et de l’interdépendance de toutes existences entre elles.

Les facteurs de causalité changent en permanence, il ne peut y avoir d’existence statique – figée, fixe -. Sunyata nie donc la possibilité de toute forme d’existence phénoménale statique – figée – : tous les phénomènes sont relatifs et dépendants des autres phénomènes.

Dans le Hinayana, le concept de Sunyata indique, dans le principe, l’impossibilité d’un atman – d’une âme – .

Mais le Mahayana – auquel appartient le zen – fait un pas de plus. Il nie la possibilité d’une nature ayant une existence propre à l’intérieur du dharma* qui façonne le monde matériel.

*dharma: Loi qui gouverne le cosmos. La loi karmique gouverne le monde phénoménal.